Amélie Clergeau (c’est moi !) raconte…
un parcours
Qu’est-ce qui compose le parcours d’une vie ?
Je cherche toujours la réponse.
Des fragments sensibles, encore vivants en moi aujourd’hui, viennent nourrir ce récit, le mien.
Bercée par les virages des marais salants guérandais, quelques minutes avant de naître et ouvrir grands mes yeux, j’ai aimé m’amuser avec deux des quatre pieds des chaises en bois.
Dans ce jeu instable de cette école de bord de mer, chevauchant mon Gazelle dans le Paris frénétique des années 2000 ou encore dans le mouvement dansé seule et accompagnée… trouver mon centre a toujours été la clé.
Celle qui me guide jusqu’à moi, jusqu’à me rencontrer, jusqu’à me perdre.
Après une vingtaine d’années sur la côte Atlantique, j’ai quitté le nid pour vivre l’ailleurs, découvrir l’autre, me former et expérimenter.
Des années d’études en communication m’ont convaincue que je voulais en faire mon métier.
Une quinzaine d’années d’expérience professionnelle plus tard, je savais que je voulais continuer !
Travailler auprès d’associations, de coopérative bio, de collectivités locales, d’établissement public ou d’entreprises privées, m’a permis d’avoir une vision globale et transversale des acteurs et des enjeux qui composent notre monde.
Depuis 2019, ma vie est faite de rencontres, d’écoute, de ressentis, de décryptages, de révélations, de mises en scène et de mises en mots.
Chaque jour est nouveau et a le goût iodé des embruns voyageurs.
un idéal
Passer tout ce temps à rêver l’idéal m’a trop souvent empêchée de voir qu’il était déjà là.
Plus de 40 ans pour faire mienne cette évidence !
Mon idéal existe mais ne se rêve pas.
Je le vis chaque jour au contact des autres et dans mon silence créateur.
Avec délicatesse et gratitude, dans la pudeur et l’humilité.
un auteur
Je ne suis pas une lectrice débridée.
Parfois même, des semaines se passent sans un livre à mon chevet.
Mes lectures me percutent et m’obligent. A l’abandon, au ralentissement, au silence, à la suspension.
D’entre tous, les mots de Christian Bobin sont ceux qui jamais ne me laissent le choix.
A la lecture de ses livres, je rends les armes.
Une ligne inattendue et je suis traversée par un profond bouleversement.
Un mot puis un autre et je pose l’ouvrage le temps d’une respiration.
Je récite, je relis, je respire, je pleure.
Christian Bobin, mon compagnon de route, celui grâce à qui j’ai trouvé les larmes chaudes de mon être, contenues trop longtemps et désormais inépuisables.
Apprendre sa mort survenue la veille, un vendredi 24 novembre 2022, c’était violent et doux.
Je l’ai imaginé rejoindre ces anges et ce subtil dont il parlait si simplement.
Je l’ai vu retrouver les siens, brindille, rouge gorge, cailloux, œillet, cri d’enfant, brume d’été.
Et j’ai su qu’il serait maintenant toujours à mes côtés.
un vin
S’il est utile de le préciser, un vin nature.
Lo grand fresiment*, un sauvignon du Mas de L’Escarida, à Sanilhac en Ardèche.
Laurent Fell, vigneron pekno punk (comme il se décrit lui-même) cultive ses vignes à seulement quelques minutes de chez moi.
Un produit rare, disruptif et humble malgré tout.
Une attaque fraîche et sensible.
Un vin légèrement perlant.
Une minéralité qui invite à déguster à même le rocher des huîtres sur l’île d’Hoëdic.
Une robe claire et raffinée, comme une fée qui s’invite en bouche.
*Le grand frisson en occitan
un souvenir
Ça commence par une musique. La lettre à Elise, Beethoven.
Pour l’écouter, il fallait tourner la manivelle du boîtier fixé sur le grand cadre en bois.
Ce grand cadre, compartimenté, exposait fièrement une collection arrogante de flacons miniatures. Des contenants vides aux noms évocateurs. Des répliques de grands parfums, en plus petit !
La difficulté consistait à faire jouer le morceau sans frôler les fioles en verre, régulièrement époussetées, dont chacune avait sa case, sa place.
Je prenais ce risque à l’abri des regards et des mises en garde.
Tourner la manivelle jusqu’à ce que chaque dent se heurte aux picots métalliques savamment disposés.
Tourner, jusqu’à la dernière note.
Peut-être oubliai-je de respirer pendant cet air enlevé.
Peut-être est-ce pour cette raison que mon terrain de jeu, celui de tous les possibles, se trouvait à l’extérieur.
Autour de ma maison, conçue par mon père l’année de ma naissance, j’étais une petite fille audacieuse et créative. Libre.
Mes sœurs et moi passions beaucoup de temps dans notre jardin, une forêt.
Au-delà, deux collines. La grande colline et la p’tite colline.
Je me souviens des fleurs ramassées, sélectionnées pour leurs couleurs, leurs parfums, leur potentiel à exprimer une fragrance capable de détrôner Anaïs Anaïs, l’odeur de ma mère.
Je me souviens précisément de ce mini flacon en verre blanc, rond, avec son bouchon, en forme de boule.
Nous l’avait-elle donné ? L’avions-nous volé ?
Peut-être n’avait-il plus eu sa place sur le cadre en bois. Peut-être ne l’avait-il jamais eu…
C’était en tout cas pour moi l’occasion de m’essayer à cet art subtil et envoûtant.
J’allais être créatrice de parfum !
C’était sous le saule pleureur que s’effectuait la savante opération. Les fleurs sauvages, soigneusement sélectionnées, étaient concentrées dans un récipient d’eau.
Macération florale, douce amer, sucrée et herbacée. Je me sentais alors capable des plus belles alliances. Une confiance immense m’envahissait.
Aucun doute que ma touche personnelle, une dose de dentifrice à la menthe, ferait mouche !
Pas à un seul moment, j’ai douté du résultat.
Notre chère maman, qui sentait si bon le Cacharel, trouverait là son odeur nouvelle !
Amélie Clergeau (c’est moi !) raconte…
un parcours
Qu’est-ce qui compose le parcours d’une vie ?
Je cherche toujours la réponse.
Des fragments sensibles, encore vivants en moi aujourd’hui, viennent nourrir ce récit, le mien.
Bercée par les virages des marais salants guérandais, quelques minutes avant de naître et ouvrir grands mes yeux, j’ai aimé m’amuser avec deux des quatre pieds des chaises en bois.
Dans ce jeu instable de cette école de bord de mer, chevauchant mon Gazelle dans le Paris frénétique des années 2000 ou encore dans le mouvement dansé seule et accompagnée… trouver mon centre a toujours été la clé.
Celle qui me guide jusqu’à moi, jusqu’à me rencontrer, jusqu’à me perdre.
Après une vingtaine d’années sur la côte Atlantique, j’ai quitté le nid pour vivre l’ailleurs, découvrir l’autre, me former et expérimenter.
Des années d’études en communication m’ont convaincue que je voulais en faire mon métier.
Une quinzaine d’année d’expérience professionnelle plus tard, je savais que je voulais continuer !
Travailler auprès d’associations, de coopérative bio, de collectivités locales, d’établissement public ou d’entreprises privées, m’a permis d’avoir une vision globale et transversale des acteurs et des enjeux qui composent notre monde.
Depuis 2019, ma vie est faite de rencontres, d’écoute, de ressentis, de décryptages, de révélations, de mises en scène et de mises en mots.
Chaque jour est nouveau et a le goût iodé des embruns voyageurs.
un idéal
Passer tout ce temps à rêver l’idéal m’a trop souvent empêchée de voir qu’il était déjà là.
Plus de 40 ans pour faire mienne cette évidence !
Mon idéal existe mais ne se rêve pas.
Je le vis chaque jour au contact des autres et dans mon silence créateur.
Avec délicatesse et gratitude, dans la pudeur et l’humilité.
un auteur
Je ne suis pas une lectrice débridée.
Parfois même, des semaines se passent sans un livre à mon chevet.
Mes lectures me percutent et m’obligent. A l’abandon, au ralentissement, au silence, à la suspension.
D’entre tous, les mots de Christian Bobin sont ceux qui jamais ne me laissent le choix.
A la lecture de ses livres, je rends les armes.
Une ligne inattendue et je suis traversée par un profond bouleversement.
Un mot puis un autre et je pose l’ouvrage le temps d’une respiration.
Je récite, je relis, je respire, je pleure.
Christian Bobin, mon compagnon de route, celui grâce à qui j’ai trouvé les larmes chaudes de mon être, contenues trop longtemps et désormais inépuisables.
Apprendre sa mort survenue la veille, un vendredi 24 novembre 2022, c’était violent et doux.
Je l’ai imaginé rejoindre ces anges et ce subtil dont il parlait si simplement.
Je l’ai vu retrouver les siens, brindille, rouge gorge, cailloux, œillet, cri d’enfant, brume d’été.
Et j’ai su qu’il serait maintenant toujours à mes côtés.
un vin
S’il est utile de le préciser, un vin nature.
Lo grand fresiment*, un sauvignon du Mas de L’Escarida, à Sanilhac en Ardèche.
Laurent Fell, vigneron pekno punk (comme il se décrit lui-même) cultive ses vignes à seulement quelques minutes de chez moi.
Un produit rare, disruptif et humble malgré tout.
Une attaque fraîche et sensible.
Un vin légèrement perlant.
Une minéralité qui invite à déguster à même le rocher des huîtres sur l’île d’Hoëdic.
Une robe claire et raffinée, comme une fée qui s’invite en bouche.
*Le grand frisson en occitan
un souvenir
Ça commence par une musique. La lettre à Elise, Beethoven.
Pour l’écouter, il fallait tourner la manivelle du boîtier fixé sur le grand cadre en bois.
Ce grand cadre, compartimenté, exposait fièrement une collection arrogante de flacons miniatures. Des contenants vides aux noms évocateurs. Des répliques de grands parfums, en plus petit !
La difficulté consistait à faire jouer le morceau sans frôler les fioles en verre, régulièrement époussetées, dont chacune avait sa case, sa place.
Je prenais ce risque à l’abri des regards et des mises en garde.
Tourner la manivelle jusqu’à ce que chaque dent se heurte aux picots métalliques savamment disposés.
Tourner, jusqu’à la dernière note.
Peut-être oubliai-je de respirer pendant cet air enlevé.
Peut-être est-ce pour cette raison que mon terrain de jeu, celui de tous les possibles, se trouvait à l’extérieur.
Autour de ma maison, conçue par mon père l’année de ma naissance, j’étais une petite fille audacieuse et créative. Libre.
Mes sœurs et moi passions beaucoup de temps dans notre jardin, une forêt.
Au-delà, deux collines. La grande colline et la p’tite colline.
Je me souviens des fleurs ramassées, sélectionnées pour leurs couleurs, leurs parfums, leur potentiel à exprimer une fragrance capable de détrôner Anaïs Anaïs, l’odeur de ma mère.
Je me souviens précisément de ce mini flacon en verre blanc, rond, avec son bouchon, en forme de boule.
Nous l’avait-elle donné ? L’avions-nous volé ?
Peut-être n’avait-il plus eu sa place sur le cadre en bois. Peut-être ne l’avait-il jamais eu…
C’était en tout cas pour moi l’occasion de m’essayer à cet art subtil et envoûtant.
J’allais être créatrice de parfum !
C’était sous le saule pleureur que s’effectuait la savante opération. Les fleurs sauvages, soigneusement sélectionnées, étaient concentrées dans un récipient d’eau.
Macération florale, douce amer, sucrée et herbacée. Je me sentais alors capable des plus belles alliances. Une confiance immense m’envahissait.
Aucun doute que ma touche personnelle, une dose de dentifrice à la menthe, ferait mouche !
Pas à un seul moment, j’ai douté du résultat.
Notre chère maman, qui sentait si bon le Cacharel, trouverait là son odeur nouvelle !